Malgré les difficultés perçues, les recruteurs se disent toujours enclins à embaucher des personnes en situation de handicap, indique l’Agefiph. Ils ne sont néanmoins que 23% à considérer qu’il s’agit d’une priorité.

L’association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph) a dévoilé le 2 décembre son troisième baromètre sur la perception de l’emploi des personnes en situation de handicap, réalisé par l’institut de sondage Ifop. Parmi les 402 dirigeants d’entreprises, responsables ressources humaines (RH) ou de mission handicap, 63% se déclarent prêts à embaucher des travailleurs en situation de handicap. Cette statistique est en légère régression par rapport à 2020, année où elle s’était établie à 67%. Cependant, elle reste supérieure aux réponses observées avant la crise sanitaire. Ils sont 83% à déclarer que le recrutement de ces personnes est une opportunité de s’ouvrir à de nouveaux profils et 54% une opportunité de faire progresser leur entreprise. Cependant, ils ne sont que 28% à estimer qu’il s’agit d’une priorité. Didier Eyssartier, directeur général de l’association, souligne que « l’embauche de personnes en situation de handicap ne reste pas une priorité d’où l’importance de travailler avec les entreprises. »

« Il faut décomplexifier l’accès aux différents dispositifs [et] trouver une bonne synergie. Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph. »

Selon le président de l’association, Christophe Roth, « c’est en accompagnant les référents handicap que l’on pourra faire évoluer les choses ». Parmi les leviers permettant l’accès à l’emploi à plus de personnes en situation de handicap, les recruteurs citent à 47% l’accès à des profils correspondant davantage à leurs besoins, à 30% l’appui d’organismes spécialisés notamment pour l’intégration dans l’entreprise et à 19% des démarches administratives plus simples et facilitées. Le directeur général insiste sur l’importance de la simplification du paysage des aides qui peuvent être proposées aux entreprises : « il faut décomplexifier l’accès aux différents dispositifs ; il y a beaucoup d’acteurs qui veulent travailler sur cette question, il faut trouver une bonne synergie ». Le déploiement de l’emploi accompagné selon une modalité de plateforme et le rapprochement des Cap emploi et de Pôle emploi s’inscrivent par exemple dans cette dynamique. En effet, 67% des recruteurs estiment que l’embauche d’une personne en situation de handicap est difficile ou très difficile. Cette statistique est particulièrement élevée dans l’industrie et dans les petites et moyennes entreprises (PME) entre 20 et 49 salariés. Pour Christophe Roth, il s’agit de créer un maillage « pour tous et avec tous. Ce n’est pas seul que nous pourront y arriver. Je crois à la place de chacun, entreprises, partenaires sociaux et associations qui font beaucoup sur le terrain ».

Stéréotypes tenaces

Il faut dire que les stéréotypes restent solidement ancrés. Seuls 6% de la population générale (soit un panel de 1 015 Français de plus de 18 ans) ont identifié correctement que 80% des handicaps sont invisibles. Parmi les 1 028 salariés interrogés, 64% estiment qu’il est difficile pour une personne en situation de handicap de progresser au sein de la hiérarchie, 59% d’encadrer une équipe et 50% de se faire respecter par les autres salariés. Le handicap psychique, le handicap lié à des troubles cognitifs et le handicap mental restent considérés comme étant les situations les plus difficiles à intégrer dans une entreprise. En outre, 74% des recruteurs continuent à déclarer que l’embauche d’une personne en situation de handicap est une difficulté objective du fait de la nature des postes qu’ils proposent et 60% qu’il s’agit d’une charge supplémentaire dans l’organisation de l’entreprise. Véronique Bustreel, directrice de l’innovation, de l’évaluation et de la stratégie de l’Agefiph, conclut, « nous voyons bien que nous avons encore de rudes combats à mener. »

« hospimédia »
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